2012 La
fin du monde selon les Mayas, Une rumeur sans
fondement André SEGURA |
Première
édition A.
SEGURA, éditeur http://andre.segura1.free.fr/index.htm ISBN :
978-2-9526532-4-4 © A. SEGURA,
décembre 2010 Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies
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sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et
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Code de la propriété intellectuelle. Illustration de couverture Face Nord et Côté Ouest, vue partielle, Stèle E, Quiriguá, Guatemala (AS) |
La présente étude est le
premier volet d’un diptyque tentant de répondre à la question : les Mayas
ont-ils prédit la fin du monde pour le 21 décembre 2012 ? Cette question en contient
deux. Entrait-il dans les
conceptions cosmogoniques des Mayas préhispaniques de considérer la fin du
Grand Cycle dans lequel ils vivaient comme une fin du monde ? La réponse
à cette première question a fourni la matière du présent ouvrage La date de cette fin de Grand Cycle s’écrivait,
dans le cadre des calendriers mayas, 13.0.0.0.0 4 Ahau 3 Kankín. Les
hypothèses qui sous-tendent sa transposition au 21 décembre 2012 sont-elles
contestables ? C’est la réponse à cette seconde question qui est
développée dans un autre opuscule intitulé Calendrier maya et calendrier
grégorien. Cette transposition, largement acceptée dans le milieu des
mayanistes, relève d’une grille de correspondances entre dates mayas et
grégoriennes connue sous le nom de « corrélation GMT ». La critique
des hypothèses qui servent de substrat à ladite corrélation provoque une
retro-translation de la date de fin de cycle/fin du monde en direction du
début du 20ème siècle tout en remettant en cause l’hypothèse de
l’unicité de la grille. |
INTRODUCTION La rumeur court : les Mayas
ont prédit que la fin du monde surviendrait avec le solstice d’hiver 2012 portant la date maya
13.0.0.0.0 4 Ahau 3 Kankín. Une remarque liminaire doit être
faite bien que non décisive du point de vue de la remise en cause de l’existence
de cette prophétie. Aucun des trois codex (1) qui ont survécu à la fureur
destructrice de l’espagnol et à l’humidité ambiante ne contient de prédiction
à propos de cette date. Bien sûr des codex détruits ont pu en contenir. Irait
dans le sens de cette modulation le fait que cette date a été retrouvée sur
un monument (dans l’état actuel de nos connaissances), le Monument 6 de
Tortuguero. Malheureusement, l’état de conservation du monument ne permet pas
de lire le texte accompagnant cette date; il pourrait décrire des faits qui
pourraient survenir lors de ce solstice. Mais n’est-il pas étonnant qu’un
évènement de cette importance n’ait été mentionné que sur un seul
monument ? (1)
Un codex est un livre écrit par les Mayas de l’époque préhispanique. Il n’en
subsiste que trois portant le nom des villes dans lesquels ils se
trouvent : le Codex de Paris, le Codex de Madrid, le Codex de Dresde.
L’authenticité d’un quatrième codex, le
Codex Grolier, est discutée. Cette étonnante discrétion des
scribes mayas vient de ce que cette rumeur est dénuée de fondement dans ses
deux composantes. Première composante : le
monde connaîtrait sa fin le 13.0.0.0.0 4 Ahau 3 Kankín. Contrairement à ce que soutient
la thèse contemporaine dominante, selon le calendrier maya le 13.0.0.0.0 4
Ahau 3 Kankín aurait été la date du premier kin (2) du 46ème grand
cycle de la première grande ère du 4ème Age de l’Univers (3). Et à
propos de ce premier kin, les scribes mayas n’ont pas fait de prédiction
mais une annonce comme celle qui pourrait l’être dans le cadre
calendrier grégorien : la prochaine année commencera le dimanche 1er
janvier 2012. (2)
Un kin commence avec le lever de soleil et s’achève avec son coucher. (3)
Un grand cycle est composé de 1 872 000 kins. 73 grands cycles
composent une grande ère (Segura L’indice de ce qu’il ne s’agissait pas de la prédiction d’un
évènement d’apocalyptique est donné par une inscription de Palenque (Chiapas,
México). Les panneaux des fonds des trois
temples du Groupe de (4)
Les trois lettres GMT sont les initiales des inventeurs de la corrélation
entre calendriers maya et grégorien. Or, dans aucun des temples de Palenque un
évènement de type cataclysmique n’est rapporté entre la naissance du Premier
Père et de Deux raisons permettent
d’avancer que les Mayas n’ont pas pu envisager que la fin du monde puisse
survenir le 13.0.0.0.0 4 Ahau 8 Kankín. La première raison réside dans
la croyance rapportée par le Popol Vuh,
le livre sacré des Mayas quichés. L’âge dans lequel nous vivons est le
Quatrième Âge de l’Univers. Les trois premiers âges avaient été anéantis par
des cataclysmes. Le Quatrième Âge n’était pas promis à ce destin parce qu’il
fut peuplé d’hommes véritables, pétris de maïs. Par contre, la loi du cycle
régissant toute chose en ce Quatrième
Âge, l’histoire de l’homme de maïs serait rythmée par la succession de grands
cycles d’une durée de 13 baktuns (1 872 000 kins); tous les 13
baktuns un nouveau grand cycle recommencerait, l’histoire de l’humanité se
reproduirait; il était donc essentiel de conserver la mémoire des dates
auxquelles survenaient des évènements marquants; différents supports furent
utilisés à cette fin (Chapitre 7). La seconde raison est qu’une
date en 13.0.0.0.0 était la date du premier kin et non du dernier kin d’un
grand cycle. Si, à la rigueur, il eut été envisageable qu’une fin du monde se
produisît en fin de cycle, il eut été plus difficile de soutenir que les
Mayas prévoyaient qu’elle aurait lieu au cours du kin avec lequel commençait
un nouveau grand cycle de l’humanité. Cette seconde raison ne peut
être invoquée que dans le cadre d’une rupture avec la thèse contemporaine dominante
pour qui une date en 13.0.0.0.0 correspondait à la fois à la fin d’un grand
cycle et au commencement du grand cycle suivant. Cette interprétation de ce type
de date est en accord avec le principe de continuité en vigueur dans le cadre
du calendrier grégorien, principe selon lequel le 31 décembre à minuit est
aussi le 1er janvier à 0h, autrement dit la fin d’année est aussi
le début de l’année suivante. Elle fait litière de la notion maya de période
intermédiaire séparant deux kins successifs donc deux grands cycles
successifs. Le 13.0.0.0.0 ne peut donc pas être la date de la fin d’un grand
cycle et celle du début du grand cycle suivant ; la logique commande d’y
voir la date de début. Cette remise en cause de la
thèse contemporaine dominante par la
notion de période intermédiaire, qui plonge ses racines dans la cosmogonie
maya telle qu’elle est exposée dans le Popol Vuh, permet de concevoir une modalité
originale de résorption du décalage induit par la différence entre l’année
maya de 365 kins (haab) et l’année solaire tropique d’une durée de 365,24
jours, connue des Mayas (Chapitre 7). Cette modalité consistait à suspendre
l’enregistrement du temps pendant cinq kins entre deux katuns (5). Cette
modalité est radicalement différente du principe de l’année bissextile qui
est incompatible avec le système de calendriers maya. C’est cette
incompatibilité, combinée à l’ignorance de l’existence de la notion de
période intermédiaire dans l’idéologie maya, qui a amené les promoteurs de la
corrélation entre calendriers maya et grégorien la plus usitée, la
corrélation GMT, à postuler que les scribes ne procédaient à aucune
résorption du décalage induit par la différence entre le haab et l’année
solaire tropique. (5)
cf. Chapitre 13 §4. Un katún est une unité de temps d’une durée de
7 200 kins (Chapitre 10). La corrélation GMT, construite
sur la base de ce postulat, fait correspondre à la date maya 13.0.0.0.0 4
Ahau 3 Kankín la date grégorienne du 21 décembre 2012. La mise en œuvre d’une
résorption périodique, sur la base de la notion de période intermédiaire,
repousse la prétendue fin du monde, qui n’est en fait que le commencement
d’un grand cycle, au 21 décembre 2014. C’est la remise en cause de la
deuxième composante de la rumeur. C’est là l’une des conclusions
auxquelles ont abouti neuf années de recherches dont les résultats sont
exposés dans Le Temps des Mayas
(Segura 2010a et Segura 2010b). Elles sont en rupture avec la thèse
contemporaine dominante, notamment sur la question de l’enregistrement du temps,
marquée du sceau de l’ethnocentrisme. L’innovation, substance de la
rupture, peut être un moment du progrès d’une science ou un détour stérile. Le premier type d’innovation
constitue l’assise sur laquelle se développent de nouveaux travaux de
recherche qui aboutissent à un nouvel état de consensus, sorte de cul-de-sac
de la connaissance dont il ne sera possible de sortir que par une nouvelle
rupture. Un magnifique exemple de
rupture-innovation de ce type est l’interprétation que donna Tatiana
Proskouriakoff des stèles de Piedras Negras. Après avoir travaillé sur le
terrain pendant une vingtaine d’années, T. Proskouriakoff poursuivit son
activité de recherche au Peabody Museum à partir de 1958. C’est là, étudiant
les photographies de stèles à niche (Fig.2.6) de Piedras Negras, elle fit une
découverte révolutionnaire. Chaque monument porte la date de sa consécration.
Mais, cette dernière n’est pas la seule à être inscrite sur la stèle. Deux autres dates sont associées aux
glyphes « rage de dent » et « tête de serpent ». T.
Proskouriakoff finit par établir que 1°) le personnage assis dans la niche
était un roi 2°) la « tête se serpent » indique qu’il s’agit de la
date de naissance d’un futur roi 3°)
la date d’accession au trône est celle qui est associée à « la rage de
dent ». C’est ainsi qu’elle reconstitua l’histoire de sept souverains de
Piedras Negras. Or, jusque là, l’opinion dominante, portée notamment par le
grand mayaniste J.E.S Thompson, était que les personnages représentés sur les
stèles étaient des prêtres ou des dieux et que les textes n’avaient qu’un
caractère religieux. Tatiana Proskouriakoff, usant de la seule logique et de
son esprit de déduction, à une époque où le déchiffrement de l’écriture maya
était peu avancé, osa l’hypothèse que les personnages de ces monuments
représentaient des souverains. Elle prolongea sa géniale intuition avec ses
deux articles, publiés en 1963 et 1964, consacrés aux monuments de Yaxchilán. Cette thèse, qui perdait son
caractère d’hypothèse au fil des travaux, eu des répercutions à de multiples
niveaux et, notamment, à celui du type de gouvernement des cités. Elle
remettait en cause l’opinion, toujours incarnée par J.E.S Thompson, d’un
gouvernement théocratique. Malgré des indices de rapports conflictuels entre
cités (fossé et rempart de Becán, fresques et linteaux de La laïcisation du pouvoir
découlant de la rupture introduite par la découverte de Tatiana
Proskouriakoff ouvrait la voie à une remise en cause de cette vision de la
direction des entités politiques. Cette innovation majeure de Tatiana
Proskouriakoff, confortée par les découvertes ultérieures, notamment dans le
domaine du déchiffrement, est un constituant essentiel du consensus actuel. Le deuxième type d’innovation,
le détour stérile, peut être illustré par une intuition de S.G Morley, autre
grand mayaniste, qui adopta la corrélation GMT mais ne se résignait sans
doute pas à admettre que les Mayas ne cherchèrent pas à corriger le décalage
résultant de la différence de durée entre haab et année solaire tropique.
Pour concilier son adhésion à corrélation GMT et l’hypothèse de cette
correction, il donna sa propre analyse de l’ensemble de glyphes qu’il baptisa
du nom de Série Secondaire. Très souvent les textes des
monuments commencent par une date dont la forme peut varier. La forme Série
Initiale (Fig.10.2 et Fig.10.3), mise en évidence par A.P Maudslay, a pour
composante essentielle le Compte Long qui indiquait l’intervalle de temps
séparant le kin considéré d’une date zéro, que la corrélation GMT fait
correspondre au 11 août 3114 av. J-C. Un parallèle avec une date grégorienne
permettra de comprendre cette notion de Compte Long. Lorsque le curseur du
temps parvint au 1er février 1998, il s’était écoulé 1 millénaire,
9 siècles, 9 décennies, 7 années et 31 jours depuis la naissance du Christ,
date zéro du calendrier grégorien. Ce décompte du temps écoulé au 1er
février 1998 est l’équivalent du Compte Long. S. G Morley pensait, comme les
concepteurs de la corrélation GMT, que les Mayas ne prenaient pas en compte,
dans leur écriture des dates (sous forme de Série Initiale), la nécessaire
résorption du décalage entre haab et année solaire tropique, comme nous le
faisons avec l’année bissextile. Mais il eut l’intuition que certaines des inscriptions
calendaires, situées dans le cœur du texte commençant par une Série Initiale,
avaient pour objet de corriger cette dernière afin de tenir compte du
décalage; il dénomma Série Secondaire les nombres constitutifs de ces
inscriptions. Or, actuellement, la thèse
dominante est que L’interprétation actuelle du
Nombre Distance n’a absolument aucun rapport avec la lecture que faisait S.G
Morley de La rupture essentielle a trait
aux questions calendaires qui ne peuvent être traitées en faisant abstraction
du contexte politico-idéologique qui fut le creuset d’élaboration du système
de calendriers. C’est la raison pour laquelle ce contexte sera évoqué avant
d’aborder la question de l’enregistrement du temps. Le contexte, c’est d’abord
l’éclatement de la zone maya entre une multitude d’entités politiques dont
certaines entretenaient des rapports conflictuels (Chapitre 1) ou des
rapports de dépendance (Chapitre 5). Chaque entité était centrée sur une
cité-capitale dont la structure et les édifices étaient autant d’expression
des croyances religieuses (Chapitre 6). Les entités qui nous intéressent
ici sont celles de L’intérêt porté à cette période
de la civilisation maya est justifié par le fait qu’elle vit fleurir des
monuments, au premier rang desquels des stèles, portant des textes datés. Les territoires de ces entités étaient
occupés par un groupe humain structuré par une hiérarchie coiffée par le K’ul
Ahau, Divin Seigneur ou roi. Comme son titre le laisse
entendre, le pouvoir de ce souverain avait un fondement
surnaturel (chapitres 2, 3 et 4) : dans le monde des hommes, il était
l’image de Hunahpú, l’un des deux Héros Jumeaux, qui avait ouvert le
Quatrième Âge en soumettant l’Univers à la loi du cycle. La lutte que durent mener les
Héros jumeaux contre les puissances du Ciel et des Enfers pour imposer cette
loi, fait partie de la cosmogonie rapportée dans le Popol Vuh, livre sacré des Mayas quichés (Chapitre 9). C’est au nom de la logique, en
s’appuyant sur certaines inscriptions et sur le récit cosmogonique que la
thèse dominante concernant certaines questions calendaires est ici remise en
cause dans sa dimension ethnocentrique. Le recours à l’idéologie
religieuse des Mayas pour contester une thèse dominante n’est pas chose
nouvelle. Dans un autre domaine, Claude-François BAUDEZ, s’appuyant sur la
dimension solaire reconnue au roi, voit dans certaines des stèles à deux
faces de Copán des monuments de succession. La thèse dominante soutient, par
exemple, que les faces Est et Ouest de Par ailleurs, invoquant à
l’appui de sa thèse, notamment, des données architecturales et
archéologiques, C-F BAUDEZ (Baudez 2002), soutient contre le point de vue
dominant que La démarche mise en œuvre ici n’est
donc pas innovante quant à son principe mais elle l’est quant à ses champs
d’application. L’un des points de rupture,
s’appuyant sur la logique et certaines inscriptions, porte sur la lecture des
Comptes Longs se terminant par trois zéros (au moins). S’agissait-il de date
de fin de période ou de début de période ? La question a son importance
du point de vue de la crédibilité de la rumeur. La date de la prétendue fin
du monde comporte le Compte Long 13.0.0.0.0. Il est difficilement
envisageable qu’une telle date soit celle de la fin du monde si elle est
celle du début de la période appelée grand cycle. Mais, l’un des points cruciaux
de cette remise en cause s’appuie sur la mise en évidence de la notion de
période intermédiaire dans le récit cosmogonique qui formera la matière du
Chapitre 9. Cette notion permet d’envisager que les scribes mayas ont pu
intercaler 5 kins intercalaires entre deux katuns pour résorber le décalage
résultant de la différence de durée entre haab et année solaire tropique. Ce qui
a pour effet de décaler la prétendue fin du monde du solstice d’hiver 2012 à
celui de l’année 2014 (Chapitre 13). Mais, qu’il s’agisse d’un
solstice ou d’un autre, le grand cycle suivant celui dans lequel nous vivons
doit commencer avec le kin 13.0.0.0.0 4 Ahau 3 Kankín. Cette manière d’écrire
une date sera présentée dans le Chapitre 10. Les composants de cette date, le
Compte Long (13.0.0.0.0), la référence tzolkín (4 Ahau) et la référence haab
(3 Kankín), qui sont ceux de Il est quasiment certain que les
Mayas des basses terres centrales et méridionales ont emprunté le tzolkín et
le haab à la culture olmèque mais aucune certitude n’existe pour le Compte
Long. Cependant, il est possible de construire un modèle de genèse du Compte
Long permettant de rendre compte d’un certain nombre de faits connus. Ce
modèle établit que c’est dans le cadre du Bassin de El Mirador et d’un
rapport interactif avec les Olmèques que les Mayas ont élaboré des
précurseurs du Compte Long (Chapitre 12) mais que ce sont des raisons
politiques internes à une entité du monde maya qui ont provoqué le passage du
dernier de ces précurseurs au Compte Long affiché par les monuments érigés au
Classique dans les entités mayas des basses terres centrales et méridionales.
Ce passage eut pour effet 1°) de fixer la durée du grand cycle à 13 baktuns
ou 1 872 000 kins 2°) d’assigner au premier kin du prochain grand
cycle la date du 13.0.0.0.0 4 Ahau 3 Kankín et donc à celui du grand cycle en
cours la date 13.0.0.0.0 4 Ahau 8 Cumkú. Pour consolider ces innovations, une
modalité de résorption du décalage (résultant de la différence de durée du
haab et de l’année solaire tropique) fut mise en œuvre qui fait correspondre
au 13.0.0.0.0 4 Ahau 3 Kankín la date grégorienne du solstice d’hiver 2014
(Chapitre 13). |
André SEGURA, né en 1948, est maître de conférences
des univer-sités. C’est en liaison avec l’action humani-taire qu’il anime
depuis 1994 au bénéfice des communautés mayas k’ekchi du Guatemala qu’il fait
des recherches sur la civilisation maya. 2012 La fin du monde selon les Mayas, Une rumeur sans fondement À l’approche de la date fatidique du 21 décembre 2012, l’auteur
s’interroge sur le fondement des prédictions relatives à cette échéance qui
ferait partie des croyances mayas. Cette recherche l’a amené à s’intéresser à
la corrélation entre calendrier maya et grégorien la plus utilisée, la
corrélation GMT. Il s’avère que ladite corrélation est construite sur
l’hypothèse que les Mayas ne résorbaient pas le décalage entre leur année de
365 jours (Haab) et l’année solaire tropicale. Or, nombreux sont les indices
qui poussent à considérer qu’ils procédaient à une telle résorption. Le
principe de l’année bissextile étant incompatible avec leur système de
calendriers, l’auteur avance l’hypothèse que, périodiquement, les Mayas
suspendaient l’enregistrement du temps pendant cinq kins à la fin de chaque
katún. Ce mode de résorption du décalage provoque une translation au 21
décembre 2014 de la naissance d’un nouveau monde à propos de laquelle les
Mayas n’ont laissé aucun document, si ce n’est celui sculpté sur le Monument
6 de Tortuguero. Cette date, qui dans le calendrier maya s’écrivait
13.0.0.0.0 4 Ahau 3 Kankín, était le produit de l’intersection d’une
conception cyclique de l’histoire tant naturelle qu’humaine et d’évènements
politiques qui eurent lieu dans la cité de El Mirador à l’orée du quatrième
siècle av. J-C. Ces conception et évènement ont abouti à fixer à chaque grand
cycle ou monde une durée enregistrée
de 1 872 000 kins. Le grand cycle en cours, ayant commencé le 11
août 3114 av. J-C, devrait céder la place à un nouveau monde le 21 décembre
2014. La succession des mondes ou grands cycles n’était conçue que
comme une manifestation de la loi du cycle qui gouvernait l’univers parvenu à
son Quatrième Âge. La fin d’un monde du Quatrième Âge n’impliquait pas de
destruction physique comme celles qui mirent fin aux trois premiers âges de
l’univers, destructions dues à ce que ces âges étaient peuplés d’êtres ne
reconnaissant pas leur créateur. L’homme du Quatrième Âge, l’homme de maïs, dont
l’histoire avait traversé de nombreux grands cycles, n’avait pas à craindre
l’anéantissement physique de son univers puisqu’il avait reconnu son créateur
et payé sa dette à son égard en lui fournissant l’aliment. |